La nuit, la forêt de Sillé-le-Guillaume devient le théâtre de phénomènes mystérieux...
La sylve silléenne est hantée. Mais pas comme on serait tenté de le croire, non...
Tandis que les habitants sont enchaînés à l'aile de Morphée, des êtres s'ébattent à leur insu là-bas dans les bois. Au-dessus du lac, tout autour des chemins qui traversent le domaine forestier et même jusqu'à proximité de certaines habitations excentrées, partout ils se glissent.
Lorsque la Lune paraît, plusieurs fois l'an la ville et sa forêt se peuplent d'hôtes fabuleux, de personnages merveilleux, d'êtres féeriques. En cet endroit précis du monde et de la nuit se donnent rendez-vous pour des festivités irréelles les chimères illustres d'un monde révolu : le peuple de l'Olympe.
On douterait d'un tel prodige dans des lieux aussi ordinaires... Je fus témoin de ce mystère cependant : alors que je contemplais la Lune tout en errant sur les chemins forestiers autour de Sillé-le Guillaume, je fus invité par la prestigieuse société mythologique à m'associer à ses festivités nocturnes. Je me suis mêlé à cette assemblée fantastique aux allures de légendes pour qui Sillé-le-Guillaume est le lieu béni pour ses réunions de fêtes !
Je n'avais jamais vu pareille assistance aux alentours du lac : rien que des créatures éthérées, linéales, aux traits hellènes et d'une prestance très digne qui m'impressionnait beaucoup. Tout ce petit monde dansait, riait, volait, planait autour de moi, en s'éparpillant progressivement à travers les chemins, les champs, les bois et les nues. Quelques-unes de ces augustes et brillantes personnes jouaient de la musique, mais pas trop fort, sauf au fond des bois, pour ne pas alerter les dormeurs de la cité.
Mais que fêtaient donc ces étranges noctambules qui, de toutes parts, encerclaient le bourg plongé dans le sommeil ? Qu'est-ce qui, à Sillé-le-Guillaume, pouvait attirer une troupe céleste si estimable ?
Ils fêtaient simplement le charme bucolique des lieux. Pour eux Sillé-le-Guillaume est un exemple d'humble beauté, simple, sans prétention. Mais authentique.
Beauté formelle des lignes du paysage vallonné, équilibre des formes savamment ordonnées par la nature. Une grâce champêtre tellement coutumière aux habitants de la petite ville sarthoise qu'ils ne la voient plus.
J'étais heureux de constater que Sillé-le-Guillaume pouvait susciter un tel enthousiasme de la part de ces êtres sortis de je ne sais où, ravi de découvrir chez eux cette capacité d'émerveillement, comblé de savoir qu'à travers ce sol sarthois, ces chemins de randonnées, ces êtres avaient trouvé une espèce d'éden temporel digne de leurs réjouissances : ils oubliaient le reste du monde, la Grèce, l'Olympe, le ciel et Homère, au moins quelques nuits par an, pour savourer les terres mélancoliques, enchanteresses de Sillé-le-Guillaume.
Ils ne parlaient presque pas. Je n'entendais que leur musique au loin qui se mêlait au vent, s'insinuait dans les rues du bourg, jusqu'à la porte de quelques demeures, au seuil de tel ou tel foyer : la brise nocturne portait le chant de leurs flûtes.
La musique qu'ils jouaient autour de Sillé-le-Guillaume, c'était une façon paisible de ceindre le monde, une manière de le considérer sans heurt, globalement, avec un sourire au coeur, car à Sillé-le-Guillaume tout n'est que courbes affolantes et délectable rocaille anguleuse.
Etrangement ces êtres singuliers sont véritablement au centre de leur monde à Sillé-le-Guillaume. Le paysage entier formant, selon eux, une unité dont ils font intimement partie, entre lac et monts, bois et sentiers.
Monsieur le Maire, ces toits sur lesquels vous veillez, ces allées et avenues dont vous avez le soin, cette place coquette, cette localité enfin qui respire sous votre autorité, c'est le séjour des dieux.
Alors tous à Sillé-le-Guillaume dormez à poings fermés : sur vos nuits veillent d'inoffensifs génies, des anges en quelque sorte.
La sylve silléenne est hantée. Mais pas comme on serait tenté de le croire, non...
Tandis que les habitants sont enchaînés à l'aile de Morphée, des êtres s'ébattent à leur insu là-bas dans les bois. Au-dessus du lac, tout autour des chemins qui traversent le domaine forestier et même jusqu'à proximité de certaines habitations excentrées, partout ils se glissent.
Lorsque la Lune paraît, plusieurs fois l'an la ville et sa forêt se peuplent d'hôtes fabuleux, de personnages merveilleux, d'êtres féeriques. En cet endroit précis du monde et de la nuit se donnent rendez-vous pour des festivités irréelles les chimères illustres d'un monde révolu : le peuple de l'Olympe.
On douterait d'un tel prodige dans des lieux aussi ordinaires... Je fus témoin de ce mystère cependant : alors que je contemplais la Lune tout en errant sur les chemins forestiers autour de Sillé-le Guillaume, je fus invité par la prestigieuse société mythologique à m'associer à ses festivités nocturnes. Je me suis mêlé à cette assemblée fantastique aux allures de légendes pour qui Sillé-le-Guillaume est le lieu béni pour ses réunions de fêtes !
Je n'avais jamais vu pareille assistance aux alentours du lac : rien que des créatures éthérées, linéales, aux traits hellènes et d'une prestance très digne qui m'impressionnait beaucoup. Tout ce petit monde dansait, riait, volait, planait autour de moi, en s'éparpillant progressivement à travers les chemins, les champs, les bois et les nues. Quelques-unes de ces augustes et brillantes personnes jouaient de la musique, mais pas trop fort, sauf au fond des bois, pour ne pas alerter les dormeurs de la cité.
Mais que fêtaient donc ces étranges noctambules qui, de toutes parts, encerclaient le bourg plongé dans le sommeil ? Qu'est-ce qui, à Sillé-le-Guillaume, pouvait attirer une troupe céleste si estimable ?
Ils fêtaient simplement le charme bucolique des lieux. Pour eux Sillé-le-Guillaume est un exemple d'humble beauté, simple, sans prétention. Mais authentique.
Beauté formelle des lignes du paysage vallonné, équilibre des formes savamment ordonnées par la nature. Une grâce champêtre tellement coutumière aux habitants de la petite ville sarthoise qu'ils ne la voient plus.
J'étais heureux de constater que Sillé-le-Guillaume pouvait susciter un tel enthousiasme de la part de ces êtres sortis de je ne sais où, ravi de découvrir chez eux cette capacité d'émerveillement, comblé de savoir qu'à travers ce sol sarthois, ces chemins de randonnées, ces êtres avaient trouvé une espèce d'éden temporel digne de leurs réjouissances : ils oubliaient le reste du monde, la Grèce, l'Olympe, le ciel et Homère, au moins quelques nuits par an, pour savourer les terres mélancoliques, enchanteresses de Sillé-le-Guillaume.
Ils ne parlaient presque pas. Je n'entendais que leur musique au loin qui se mêlait au vent, s'insinuait dans les rues du bourg, jusqu'à la porte de quelques demeures, au seuil de tel ou tel foyer : la brise nocturne portait le chant de leurs flûtes.
La musique qu'ils jouaient autour de Sillé-le-Guillaume, c'était une façon paisible de ceindre le monde, une manière de le considérer sans heurt, globalement, avec un sourire au coeur, car à Sillé-le-Guillaume tout n'est que courbes affolantes et délectable rocaille anguleuse.
Etrangement ces êtres singuliers sont véritablement au centre de leur monde à Sillé-le-Guillaume. Le paysage entier formant, selon eux, une unité dont ils font intimement partie, entre lac et monts, bois et sentiers.
Monsieur le Maire, ces toits sur lesquels vous veillez, ces allées et avenues dont vous avez le soin, cette place coquette, cette localité enfin qui respire sous votre autorité, c'est le séjour des dieux.
Alors tous à Sillé-le-Guillaume dormez à poings fermés : sur vos nuits veillent d'inoffensifs génies, des anges en quelque sorte.
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