jeudi 12 juin 2008

17 - La hauteur du monde

L'aube qui se propage éclaire les nues, irradiant le monde d'un éclat argenté. Un nouvel astre se lève à l'horizon. Je monte vers les lueurs bleues, empruntant une voie blanche le long de laquelle tournoient des papillons. Dans cet espace limpide je remarque que des cailloux étincellent au bord du chemin. La lumière devient plus chaude, et je reconnais le soleil en face de moi. Il commence à m'éblouir. Je me retourne. Derrière moi, la mer. Un océan lumineux. Avec toujours ce ciel comme un cristal pur.

Des milliards de créatures, animaux, plantes, êtres divers et multiformes, d'apparences étranges ou familières habitent cet univers. Certaines se côtoient sans dommage, invisibles mais réelles, présentes telles des pensées dans l'air. D'autres s'ignorent de bonne foi, soupçonnant toutefois leur mutuelle existence.

Je continue de monter. Au point culminant de mon ascension, des rayons de lumière de teintes différentes me traversent et j'accède à un état de conscience fulgurant : je deviens une écume aérienne composée de particules infinies aux couleurs inconnues, une ébullition éthéréenne, un éclair à l'état pur. Je suis à la fois brin d'herbe et étoile, brasier et coquillage, entre cosmos et atmosphère familière : un sentiment de grandiose et de simplicité, d'infini et de proximité, de mystère et de connu. Progressivement je redescends, me réaccoutumant aux choses que je viens de quitter plus bas, comme si je me rassemblais, me recomposais après un éclatement parfait de mon être à l'échelle de l'Univers.

Suis-je mort ? Sous le souffle de quel dieu de l'Olympe suis-je apparu en ces lieux ? Suis-je né de cette lumière qui m'inonde ? Ce monde est-il l'antichambre des âmes prêtes à être incarnées ? Vais-je apparaître en des lieux inconnus et lointains, sous une forme prodigieuse ? Impossible à savoir, tant le soleil, le chemin, les cailloux, les papillons sont présents autour de moi comme des réalités intimes et éternelles.

Où me suis-je donc égaré, là où le temps n'a plus d'emprise, où des lois improbables, éblouissantes régissent les choses ?

Je suis parti dans un fabuleux voyage.

Le soleil au-dessus de moi est en fait une lune qui luit dans une nuit d'été. Les cailloux aux allures de diamants ne sont que de banales mottes de terre. Les papillons pourraient être ces chauves-souris qui chassent les insectes dehors. Moi, plongé dans un sommeil profond, presque mort, je poursuis mon long voyage. Un voyage à la fois ordinaire et magnifique, accessible et impénétrable.

Je voyage dans mon âme, emporté par les vents oniriques du lac de Sillé.

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Je côtoie les êtres oniriques du lac de Sillé-le-Guillaume. Je souhaite vous faire connaître les réalités oniriques qui hantent la forêt de Sillé-le-Guillaume...